Terre à ciel - 24/06/2024

Cécile Guivarch a demandé à plusieurs auteurs et autrices, publiés dans la collection DUOS des éditions Lieux-dits, de témoigner du processus de travail à deux et de leur rélation avec l'éditeur Germain Roesz. Retour sur cet maison d'édition peu commune.

Lire l'article

Le poème commun, Samantha Barendson et Jean de Breyne, 2012

Le poème commun, recueil de poèmes écrits à quatre mains avec Jean de Breyne, est né en 2012 d’une rencontre en librairie. À l’époque, j’étais libraire et jeune poète, j’avais discrètement publié deux recueils et je commençais à peine à monter sur scène. Jean avait roulé sa bosse de poète bien plus que moi et j’avais été séduite par son écriture douce et grinçante, arrondie et acérée à la fois, que j’avais eu la chance d’entendre lors d’une lecture dans cette librairie où je travaillais. À l’issue de cette lecture, nous avons longuement conversé à propos de nos passions communes pour les voyages, les mots et la correspondance épistolaire ; Quand Jean est parti, je ne pensais pas le revoir de sitôt. Il revint par lettre. Une lettre qui était un poème à compléter. Ce que je fis, lui offrant à mon tour un début de poème à compléter. Et ainsi de suite pendant de nombreux mois, enveloppes et poèmes... jusqu’au recueil que Jean présenta à Germain des éditions Lieux dits pour sa collection Duos. Mais Jean est un homme de surprise, aussi ne m’a-t-il rien dit jusqu’au jour où, recevant une nouvelle enveloppe, je reçus le livre, notre livre. Ce qui n’avait été jusque là qu’une correspondance poétique devenait objet littéraire grâce au travail de Germain qui avait pris soin de choisir une couverture à l’imprimé couleur papier légèrement piqué et des pages au grammage épais et sensuel. Le format du livre était large et permettait au texte et à ses silences d’occuper parfaitement l’espace. Les années passèrent et ce n’est qu’en 2022, au festival du Haut des cimes de Ménilmontant, que j’ai eu la chance de rencontrer Germain. Depuis, je l’ai revu au Marché de la poésie de Paris et aux Voix vives de Sète... tant et si bien que j’en arrive à me demander si nous ne nous sommes pas croisés dix ans durant sans le savoir. Moi, la jeune poète et lui, l’un de mes premiers éditeurs.

Samantha Barendson