Fixer un rendez-vous n’a pas été trop difficile, pourtant Samantha a beaucoup d’amis, qui ont souvent la particularité d’écrire. Et Samantha aime lire. Par chance ses amis écrivent généralement bien. Et puis il y a plein d’autres gens qui écrivent des livres que Samantha a envie de lire. Ou ont écrit quand ils étaient vivants. Ça fini par bien occuper les journées et les nuits.
Samantha d’abord été une petite fille. Mais… Barendson ? C’est pas très latin ça ? Un peu plus au nord, non ?
Les petites filles ont un papa. Le sien était italien. Elles ont généralement une maman. La sienne est argentine.
Le plus simplement du monde elle est née en Espagne puis est partie à Mexico ce qui lui a permis d’apprendre le français.
A 10 ans, elle a honoré la France de sa présence. L’identité internationale n’étant pas encore matière à débats.
Quand Samantha a moins été petite fille, elle a été à l’université. Ayant déjà appris l’alphabet elle a étudié les lettres. Catégorie langues romanes. L’administration a d’ailleurs souligné qu’elle les maîtrise fort bien. Mais devenir prof d’espagnol n’était pas ce dont elle rêvait pour les 42 prochaines annuités de cotisation retraite.
Alors Samantha a fait une formation de libraire. Ce qui lui a permis d’avoir un travail (avec cotisation retraite) à la librairie / maison d’édition A Plus d’Un Titre. Pour tenter une saine gestion et cotiser longtemps pour la retraite, Samantha s’est aussi largement acquittée de tâches administratives.
Si les petites filles ont un papa, elles ont aussi un grand-père, souvent deux d’ailleurs. Versant argentin de l’affaire, le sien était libraire à Mendoza. Toute ressemblance, etc. ne serait que fortuite !
Samantha a toujours aimé l’alphabet, les lettres et l’écriture. Elle aime aussi beaucoup lire.
Mais pour écrire sérieusement, un premier déclic a eu lieu lorsqu’elle était à la fac. Un cours portait sur les écrits personnels dont les journaux intimes. Les étudiants devaient produire un mémoire 2 à 4 pages sous forme d’un journal intime et elle en a rendu 32. Pour la première fois, Samantha a envisagé d’écrire pour d’autres que pour elle-même.
En 2004, à titre de propédeutique, l’écriture était une arme de destruction massive de l’ennui. R-V Joule et J-L Beauvois détaillaient la théorie de l’engagement dès 1987, Samantha mettait pour de bon les doigts dans l’engrenage.
Troisième déclic, qui a réellement déclenché l’écriture, une rencontre avec Alfons Cervera à la librairie A Plus d’Un Titre pour Los cuerpos del delito (2003). Samantha en a été bouleversée, en a pleuré. En trois nuits, dans ce qui est probablement une transe elle a écrit un livre. Bilingue espagnol / français. Los delitos del cuerpo / Les délits du corps.
Samantha travaille très peu son écriture au sens où elle ne revient que très peu sur ses brouillons. Uniquement des retouches de détail. Si un texte ne convient pas, elle le laisse et en écrit un autre. Elle a beaucoup de textes dans ses tiroirs, peu ont vocation à être publiés.
Mais si l’écriture est la grande affaire de Samantha, l’oralité est un des fils de chaîne (ben oui, nous sommes à Lyon) de son travail. Quand Samantha écrit, elle parle. A voix haute. Le son, le rythme, la musique des mots doivent être justes avant d’être fixés à l’encre. D’ailleurs, même si ça ne dépasse le cadre privé, Samantha aime chanter avec son mari, physicien et guitariste de son état.
Si vous cherchez dans ses textes vous y trouverez parfois des alexandrins cachés. Quelques uns les ont repérés spontanément. Maintenant vous le savez, peut-être saurez-vous les trouver ?
Samantha a spontanément beaucoup écrit de monologues, dialogues. Elle veut transmettre des images. Ce sont les relations humaines qui l’intéressent et non les descriptions. Il est donc assez cohérent qu’un jour Manuel Pons lui ait passé commande pour écrire une pièce de théâtre. Avec un cahier des charges, la pièce mêlant théâtre et danse. La pièce a été jouée à Clermont-Ferrand.
Deux de ses pièces ont été jouées et deux encore en attente. Pour la personne qui écrit, voir son texte vivre est gratifiant. La contre-partie étant qu’une pièce n’est pas publiée si elle n’a pas été jouée au moins une fois. Une pièce non jouée n’existe pas, c’est cohérent mais parfois frustrant. Quand on écrit c’est avec le désir d’être lu, d’être joué.
Samantha se demande parfois comment elle ferait si elle devenait aveugle. Peut-être comme Mutanabbî (915-965), poète aussi aveugle que prolifique, aux poèmes complexes. Il les dictait.
Pour son livre Le Citronnier, Samantha a eu la nécessité d’écrire sur l’absence (de son père) puis a questionné, tiré la pelote, mis au jour des secrets de familles. Fallait-il l’imprimer pour que le roman familial s’éteigne ? J’aurais dû lui poser la question.
Samantha fait partie du collectif « Le syndicat des poètes qui vont mourir un jour ». Si j’ai quelques souvenir du lycée, ceci s’appelle un oxymore. Les poètes ne meurent jamais. Dans le cadre de ce collectif, elle fait entre deux et quatre lectures sur scène chaque mois. Autrement dit, presque toutes les semaines.
Lorsqu’elle travaillait à la librairie A Plus d’Un Titre, Samantha a fait des lectures et des ateliers d’écriture en prison. Une expérience qui ne laisse personne indemne, qui brasse, à l’intérieur, puisque l’extérieur n’existe plus.
J’ai évoqué quelques fils de chaîne dans le travail de Samantha. Pour le fil de trame, elle se laisse guider par les rencontres, les propositions.
Les projets
Une création avec la troupe Tramaluna où elle va écrire et dire ses textes en espagnol.
Un livre d’artiste avec le photographe Sandro Secci.
Une contribution pour la caravane des dix mots, en lien avec le sommet de la francophonie.
Un livre (roman ?) qui prolongerait Le Citronnier.
Ses livres publiés
Los delitos del cuerpo / Les délits du corps chez Christophe Chomant éditeur, 2011
Des coquelicots (poésie), Pré # carré éditeur, 2011
Le poème commun (poésie) avec Jean de Breyne, Ed. Lieux-dits, Collection Duos, 2012
Le citronnier (poésie), éditions Le pédalo ivre, 2014